Les Arts de la Rue se questionnent. Morceaux choisis de la liste de diffusion du Fourneau. Jacques Livchine compte les points.

Publié le par Gud

Je publie comme tel deux messages, du mardi 28 février 2006, de la "liste rue" du Fourneau qui me semblent intéressants. Ils ont le mérite de donner à réfléchir et d'aborder des facettes de la situation actuelle des Arts de la Rue.
 
Message de Jean-luc de la Compagnie Les Goulus: 
 
1) Le petit univers de la rue vit-il différemment de ce que la société d'aujourd'hui nous montre?
2) A-t-on plus de chances d'être subventionné quand on est membre du C.A de la fédération ou est ce qu'on reste pur ? (question sans à priori !)
3) Peut-on être programmé en IN à Châlon ou Aurillac (ou les deux) sans éveiller de soupçons (les adjectifs, vous les choisissez) quand on est Président de la fédé ? (question avec à priori)
4) Comment l'univers de la rue est solidaire des cies dans la merde ?
5) Qu'avons-nous de différents en terme d'éthique des autres arts ?
6) Sommes nous l'exemple en terme d'arts "émergents" ?
7) Lécher ! Verbe inévitable pour réussir ? Verbe auvergnat qui prête à confu'j'ion ? Verbe érotique uniquement ? Verbe de mec affamé ?
8) Vaut-il mieux être d'abord subventionné et après on s'entoure de gens (puisqu'on a la tune) ou plancher comme un con et demander des subventions(des fois que ça marcherait) ?
9) A ce jour, vaut-il mieux être d'abord un politique avant d'être un créateur
ou l'inverse ?
10 ) L'entre-soi, ça protège et ça évite les virus et les parasites ? L'entre-soi, ça permet de durer ? L'entre soi, ça permet d'exister ou de tenter d'exister ?
 
Y'a pas de cadeaux mais vous pouvez répondre ! Y'a une belle analyse à faire au bout !
 
JLuc
 
Message de Jacques Livchine du Théâtre de l'Unité:
                 
Je réponds vite à Jean Luc, parce que les questions qu'il pose, elles sont réelles et m'inspirent quelques libres réflexions.
 
Ma mère essayait toujours savoir comment ça allait mon théâtre. De temps en temps je lui disais : "Maman je suis classé 102 ème. C'est pas mal, parce que nous sommes au moins 2000 compagnies en France. Sois fier de ton fils".
 
J'imaginais qu'il existait comme au tennis, un classement ATP des compagnies dont les paramètres étaient les suivants :
- Nombre de représentations
- Nombre de représentations vendues
- Montant des subventions
- Tournée internationale
- Nombre de spectateurs
- Nombre d'articles de presse.
- Reconnaissance par les professionnels.
- Nombre de coproducteurs
- Programmation IN dans des lieux légitimants
- Nombre de poignées de mains aux gens importants de la profession
 
Il y a des coefficients
 
Exemple :
Serrer la main d'un ministre : 140 points
Parler à un directeur de scène nationale : 15 points + 1 point par tranche de 15 minutes de conversation.
Passer à Aurillac ou Chalon IN : 45 points
Etre reçu par son président de région : 42 points
Jouer à Paris : 62 points
Emarger à la l'aide à la création de la DMDTS : 70 points
Faire partie d'une commission du temps des arts de la rue : 35 points.
Etre connu de Michel Crespin : 20 points .
Etre apprécié de sa soeur : 3 points.
Etre cité dans le bulletin de Hors les murs : 12 points
Avoir un article dans l'Est républicain : 3 points
Avoir un article dans le Monde : 90 points.
Etre au CA de la fédération : 18 points.
Etre président de la fédération : 100 points.
 
Donc tu calcules ton nombre de points, et tu connaîtras ta cote professionnelle.
  
Le problème c'est qu'avec le temps et l'âge, je me suis fixé un barème personnel :
Jouer à Frasnes les Meulières : +400 points
Parler à un ministre : - 200 points
Etre implanté à Audincourt : + 400 points
Travailler avec un lycée agricole : + 200 points.
 
En fait, il faudrait simplement suivre la route que l'on s'est fixée, mais c'est vrai, si tu refuses tout le système, comme nous avons tous envie de le faire, on te rétrograde, on ne t'accorde aucun moyen, et faire vivre le théâtre en s'appuyant sur les recettes du public, c'est carrément aléatoire et invivable.
 
Tu peux aussi, comme j'aime bien le faire, ou comme t'aimes bien le faire, critiquer, fustiger, te moquer, cracher dans la soupe, tu le paies très très cher, mais est ce que fermer sa gueule, ce n'est pas pire ?
 
Il y a Maurice Nadeau, l'éditeur qui a 90 ans, qui dit "Vaut mieux éveiller la pitié que l'envie"
Pas mal.
Ou Cioran :  "J'ai connu toutes formes de déchéances y compris le succès".
 
Conclusion de tout ça : "l'Art est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu'un le fasse".
 
Jacques Livchine
Metteur en songes
 
 
 
 
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